Jusqu’il y a peu en milieu rural, seuls les hommes héritaient des terres, quand bien même le droit prévoyait
une égalité entre héritiers. Il s’agissait d’éviter autant que possible le morcellement de terres dont dépendait
la survie (économique) de la famille. Aux femmes revenait le trousseau, dont le contenu se transmettait
également de génération en génération (meubles, linge de maison, vaisselle, qui au fil du temps se
chargent d’histoires et de souvenirs).
Ces deux modes de transmission assuraient une unité transgénérationnelle du patrimoine physique et immatériel
de la famille, bien qu’ils soient inégalitaires par nature.
A travers « Campetto » (petit champ), j’imagine un travail sur le tissu pour évoquer ces transmissions.
Il essentialisera la question de la transmission (des champs, des techniques), de l’inégalité inhérente
à celle-ci, et du rôle de l’individu dans cette chaîne de transmission. Que transmet-on exactement,
comment le fait-on de façon individuelle et unique Je pense également m’inspirer des linges et vêtements
hérités de ma famille (draps, habits, couvertures), suggérant toute une vie, une histoire privée et commune,
un demi-siècle de biens transmis et transformés dans leur forme et leur sens.
Benoit Delzelle